''Je donne et je reçois''


''Je donne et je reçois''

L’Appel de la rencontre de l’Autre remonte à l’époque où on avait, les dimanches après-midi, des émissions de l’Unicef et Vision Mondiale. Je n’avais que 8-9 ans. Je pouvais passer des heures à regarder ces émissions attentivement, et, mon p’tit cœur d’enfant souhaitait juste être là, avec eux… Être avec. Voilà pourquoi je souhaite, du plus profond de mon cœur, devenir missionnaire laïque. La mission pour moi c’est un pont. Les missionnaires sont des constructeurs de ponts d’Amour entre différents pays, différentes cultures, religions, coutumes et valeurs…

C’est mon pays, ma province, ma région, ma famille, mes amis(es), ma culture, ma langue, et, les valeurs de l’Évangile qui rempliront mes valises. Aussi, à chaque fois, c’est enrichie de la culture et des valeurs de l’Autre que je reviendrai ici, chez-moi, partager mes richesses avec vous…

D'où le nom de ''Mission Boomerang''


2013-12-13

Le mois de l'excision...


Décembre, les enfants sont en congé pendant un mois ici au Kenya. C'est le temps de l'année où les parents font exciser les jeunes filles qui seront ensuite retirées de l'école, prêtes à marier.
Je souffre... J'ai mal à l'âme jusqu'au fond de mes entrailles. Ça me rend malade et je ne peux m'empêcher d'y penser...



Mon Dieu, il faut que ça cesse... Aide moi à trouver la force d'aider ces pauvres fillettes en me joignant à celles et ceux qui luttent contre cette horrible torture. 
Seigneur, je t'en supplie, mets-les sur ma route que ma douleur devienne force.
Merci Divinity Foundation:  www.divinityfoundation.com
Merci Tiken Jah Fakoly





Et moi, impuissante, je souffre avec vous mes enfants...

2013-11-28

Une grande leçon de vie du petit Paul...



Il y a de ces rencontres uniques et exceptionnelles parfois qui nous apprennent et changent notre vie pour toujours... 

Il y avait quelques mois que mon amie maasai Glagys Tito me parlait d'un petit garçon avec une tête énorme qui ne parlait pas mais qui chantait comme un ange. Une journée où nous allions visiter des malades du SIDA j'ai demandé à Gladys de m'amener voir ce petit garçon.

Le choc fut brutal. Les conditions dans lesquelles il vivait étaient pitoyables. Une odeur immonde remplissait la pièce de la maison où Paul se trouvait, baignant dans son urine et ses excréments. Je me suis surprise à hésiter lorsque mon amie m'a demandé de m'approcher de lui pour prendre une photo. Moi, la missionnaire qui ne demandait que cela depuis si longtemps! Moi, l'infirmière auxiliaire humanitaire, j'avais peur! Peur d'être infectée, contaminée par je ne sais quels microbes, virus, bactéries qui remplissaient certainement cette pièce.

Bon, je devais absolument aider cet enfant, c'était urgent. Impossible de continuer à vivre normalement quand mon petit voisin se trouve dans cet état. On appel à l'aide. J'avais besoin de fonds pour le placer dans un endroit où il aurait de bons soins et ainsi alléger sa mère du fardeau de sa présence. De toute façon, il passait toutes ses grandes journées allongé sur ce lit, seul, dans la maison fermée à clef.

Nous avons pris quelques photos et sommes soties dehors. Je lui ai demandé de me filmer, que je devais parler aux gens sur le champs, sous les émotions du moment...

Je vous présente Paul, le petit maasai hydrocéphale.


Avant de quitter l'endroit, Gladys me demande si nous pouvions aller acheter des couches et des draps pour le changer. Je lui ai répondu que nous étions entrées dans cette maison sans permission. Que de toute manière, de lui acheter un paquet de couches ne serait pas une aide durable. Que je voulais, tant qu'à changer ses draps, changer son matelas! Et, tant qu'à changer son matelas, lui en procurer un qu'il ne pourrait pas briser... Et, que par-dessus tout, c'était de lui un trouver un endroit approprié...
Bref, nous l'avons laissé comme cela et sommes parties. En route, nous avons rencontré les parents du garçon et leur avons raconté notre visite dans leur demeure. Ils étaient ravis d'avoir enfin de l'aide et moi, ravie d'avoir réussi à écouter ma tête avant mon cœur. On me répète tellement souvent que je dois faire attention avant d'agir... Ne pas trop être impulsive.... J'avais peur de faire une erreur en écoutant mon cœur et de me faire taper sur la tête par la suite... Afin d'apaiser ma conscience, en chemin, j'ai dit à mon amie, qu'il était dans cet état depuis 10 ans, que ce n'était pas une journée ou deux de plus qui allaient changer les choses... Mieux valait attendre un peu, revenir et bien faire les choses! Elle m'approuva.

En arrivant chez-moi, j'ai publié la vidéo et les gens ont commencé à m'envoyer des dons pour le petit. Wow... Ça allait bien! Pendant ce temps je faisais des recherches sur le net afin d'essayer de lui trouver un endroit bien au Kenya. Difficile... 
Le lendemain matin Gladys m'a téléphoné pour me dire que l'enfant était à l'hôpital depuis la veille. Comment était-ce possible? Pouvaient-ils avoir amené leur fils à l'hôpital  afin de s'en libérer, prétextant une quelconque maladie, maintenant qu'ils savaient qu'ils obtiendraient de l'aide!? Il était souriant et semblait ''bien'' quand nous l'avions visité la même journée!

La journée suivante, très tôt le matin, mon amie m'a téléphoné pour m'annoncer que notre jeune ami était décédé pendant la nuit. Je ne pouvais y croire. Le jour d'avant il nous souriait et là il était mort! Mais POURQUOI était-il décédé juste après que j'aille le visiter?! Juste après que je commence à pouvoir l'AIDER?!
Gladys et moi pensions nous retrouver chez ses parents en fin d'après-midi afin d'assister à l'enterrement mais, nous venions à peine de raccrocher le téléphone qu'elle me rappela aussitôt pour me dire que le père, accompagné de quelques amis, avaient déjà creusé un trou dans la terre et qu'ils y avaient déposé le corps, laissant la mère et tous les autres enfants sans le sous à la maison, pour aller boire en ville. Je comprenais qu'il était urgent d'enterrer le corps afin d'éviter les odeurs de décomposition et tout ce qui s'en suit... Mais tout de même, pour nous, c'était un peu rapide.
Mon amie voulait aller se recueillir sur la ''tombe'' du petit. Je ne voulais pas y aller, j'étais en colère après les parents! En colère qu'ils l'aient laissé tout seul, chaque jours, dans cet état! En colère de l'avoir vu dans cet état! En colère qu'ils soit mort! En colère de l'avoir connu juste avant qu'il meurt sans pouvoir l'aider!!! En colère surtout de ne pas avoir été le visiter plus tôt au fond.

La missionnaire en moi...
 
Mon amie avait besoin de moi. À ce moment, comme-ci je me regardais de l'extérieur, j'ai vu la missionnaire en moi agir. J'ai fait quelque chose que je n'aurais jamais pensé faire de ma vie.

J'ai pris une petit livre de prière qu'une amie missionnaire m'avait donné, je l'ai mis dans mon sac-à-main, j'ai appelé un taxi moto, j'ai été couper quelques fleurs et j'ai été rencontrer mon amie Gladys sur le tas de terre qui recouvrait notre jeune ami.
Nous étions silencieuses. J'ai déposé les fleurs sur la ''tombe'' du petit en disant à Gladys: ''Je ne connais même pas son nom. Comment s'appelait-il?'' Paul me dit-elle. Alors, j'ai ouvert mon livre et j'ai lu la prière pour les morts. Ensuite, je lui ai dit ces mots: ''Paul, je ne t'ai vu qu'une seule fois dans ma vie, mais sache que je me souviendrai toujours de toi car, tu m'as appris une grande leçon de vie. Tu m'as appris que je devrai TOUJOURS écouter mon cœur dorénavant, comme je l'avais toujours fait jusqu'à ce jour. Comme ma mère me l'a toujours dit: ''Sonia, quand tu sens le doute, écoute ton cœur.''
Merci de m'avoir appris sur moi-même. Merci de m'avoir montré mes faiblesses. Merci de m'avoir attendu tout ce temps avant d'aller enfin retrouver les anges... ''

Personne, encore moins un enfant innocent, ne devrait quitter ce monde sans que quelqu'un ne se recueille et ne fasse une simple prière pour lui souhaiter ''bon voyage'' et lui dire merci de son ''passage'' parmi nous.


La honte...

Mon amie s'est effondrée parterre,  en larmes, elle me criait que nous ne l'avions même pas couvert! Que nous ne l'avions même pas caché!!! Que nous étions parties et que nous l'avions laissé comme ça, tout nu, dans ses excréments! Elle implorait Dieu de la pardonner! Nous étions toutes deux mortes de honte!
Chrétienne mon oeil!!! Missionnaire mon œil!!! Si je suis pour être comme ça en mission, autant retourner chez-moi!!!
Je n'ai jamais été à ce point déçue de moi-même... Je n'aurais jamais pensé un jour réagir de la sorte... Surtout pas en mission... Mais qu'avais-je FAIT?!?! Non! Que n'avais-je  pas fait plutôt?!?
 
En partant, Gladys et moi sommes allées donner nos sympathies à la mère de l'enfant, restée à la maison avec les autres petits. Elle était triste naturellement, j'ai senti que les parents de Paul l'aimaient beaucoup lorsque je les ai rencontré et, que dans les conditions d'extrême pauvreté dans lesquelles ils vivaient, ils faisaient ce qu'il pouvaient.

Ma colère envers eux s'en est allé, toutefois, envers moi, ce fut plus difficile...

Nous nous sommes auto-flagellées, consolées et enfin pardonnées mutuellement moi et ma très chère amie Tito.

Je sais qu'il m'attendait avant de quitter ce monde...

Je sais qu'il avait une grande leçon de vie à m'apprendre...

Je sais que je dois rester telle que je suis et écouter mon coeur...

Merci petit ange d'avoir croisé ma route...
 

Paul et Francesco, rencontres uniques et exceptionnelles, liés l'un à l'autre dans mon coeur à jamais...

2013-11-23

Vos dons pour eux, un cadeau pour moi...

Mille fois MERCI à vous qui m'avez envoyé ou laissé du matériel scolaire, éducatif, médical, de soins d'hygiène et des produits de beauté au Kenya. Quel privilège pour moi de distribuer et d'utiliser vos dons auprès des plus démunis.
 
Un vrai cadeau pour ma mission...










2013-07-14

Pleurer pour trois patates…


Il y avait une gentille jeune fille sidéenne, Nelly, que j’aidais du mieux que je pouvais grâce aux dons reçus par mon réseau de soutien Mission Boomerang. Avec sa permission, j’avais mis des photos d’elle, très malade, sur mon réseau espérant recevoir encore un peu d’aide pour l’envoyer dans un bon hôpital à Nairobi. J’étais désespérée de la voir ainsi.
 
À ma grande surprise, Patxi Izulain, membre de la Fondation Espagnole José-Luis-de-Baruetta, (avec laquelle mon ami  Claude de la Chevrotière, missionnaire laïque au Kenya, travaille pour la cause du SIDA), me suivait sur mon réseau Mission Boomerang. Grâce à lui, la Fondation a pris Nelly en charge financièrement. Elle a pu enfin recevoir les soins nécessaires à sa condition de santé, mais, malheureusement, il était trop tard. Elle est décédée au Coptic Hospital de Nairobi le 23 mars dernier.
 
J’étais dévastée et fâchée. Pourquoi est-ce que Dieu répond à ma prière mais prend quand même Nelly par la suite? Il n’avait qu’à la prendre avant tout cela! À quoi ça mène? Il y avait certainement une raison, mais je ne comprenais pas. Ce n’est que la journée de l’enterrement de Nelly que j’ai tout compris. Je me suis rendu compte de l’impact de mes efforts pour essayer de sauver Nelly sur les gens de Namanga.
 
Ils m’ont vue pleurer, avoir de la peine et prier pour leur enfant, pour l’une des leurs... C’est alors que j’ai senti qu’ils (majoritairement elles, les mamas) m’ont pris sous leurs ailes. Ils m’ont tous entourée, consolée, embrassée et aimée. C’est depuis le décès de Nelly que je sens qu’ils m’ont réellement et généreusement adoptée, sans attendre rien en retour.
 
Chaque samedi matin il y a des groupes de prières (Jumuya) à Namanga. Les gens se rencontrent par petits groupes, dans leur maison, pour échanger sur la Parole de l’Évangile ainsi que sur d’autres sujets concernant la communauté. Peu après le décès de Nelly, ils ont décidé que le jumuya serait chez-nous, les missionnaires laïques! Ils sont habituellement entre 4 et 8 personnes par maison, mais, ce matin-là, nous étions une vingtaine dans notre unique petite pièce! À la fin de la rencontre je leur ai demandé s’ils accepteraient de chanter une prière pour les deux sœurs de ma mère qui allaient se faire opérer dans la semaine. Je leur ai dit que j’allais les filmer et envoyer la vidéo à ma maman qui s’inquiétait pour ses sœurs. Ils ont gentiment accepté et je les ai sincèrement remerciés d’avoir offert ce cadeau à ma mère au Canada. Encore une fois, je n’avais aucune idée à quel point ils avaient été touchés de ma requête.
 
Le lendemain matin, après la messe, une gentille et jolie mama qui était présente au jumuya chez-moi le matin d’avant, s’est approchée de moi. Elle avait un sourire radieux, des lumières dans ses yeux, et, elle tenait un sac dans les mains. Elle m’a prise dans ses bras, m’a serrée très fort, m’a embrassée et m’a dit : ‘’J’ai un cadeau pour toi. Pour te remercier d’être qui tu es et d’être ici avec nous.’’ Elle m’a donné le sac qui contenait trois grosses patates douces. Cette pauvre femme était tellement contente de me donner ces trois patates! Et moi, qui ne manque de rien, qui sait ce que cela représente pour elle de donner de la nourriture, vous dire à quel point j’étais contente de les recevoir.
 
Il est vrai que j’ai la larme facile, mais, je n’aurais jamais pensé un jour pleurer de joie d’avoir reçu des patates en cadeau. Moi qui ne suis même pas une mangeuse de patates!

Cette femme ne le sait pas et serait certainement très surprise si elle apprenait que ces trois patates qu’elle m’a offertes sont l’un des plus beaux cadeaux que j’ai reçu de toute ma vie.
 

Merci la Vie...

Coup de cœur...
 


2013-05-16

Mission Marsabit, une semaine...

Quelle aventure!!!



Merci encore une fois mon ami Patxi Izulain pour la belle image! Tu es un ange...

 
Elizabeth (spécialiste en conflits), Pedro-Emilio (séminariste smé), Monica (missionnaire laïque smé) et moi-même, sommes partis de Nairobi à 15h, en matatu,  pour arriver à Marsabit en autobus à 4h du matin. 13 heures pour faire 534 km. Cela vous donne une idée de l'état des routes.
 
Marsabit est située en plein milieu du Nord du Kenya, à quelques heures de la frontière avec l'Éthiopie. Cette partie du pays est très aride, désertique et conflictuelle. Encore une fois, ce sont les guerres tribales qui ruinent la vie des femmes et des enfants. Un peu partout les hommes et les jeunes garçons, marchent, carabines à l'épaule, toujours à l'affût d'un éventuel ennemi.
 

Namanga-Nairobi et Nairobi-Marsabit.

 
Vous dire que j'ai eu peur serait mentir. Ils tous été tellement gentils et accueillants avec nous. Je ne pouvais m'empêcher de penser comme c'était dommage de les imaginer s'entretuer les uns les autres. Comment cela est-il possible? Pourquoi est-ce ainsi?
 
Si ce n'est d'avoir été témoin de l'espérance d'une vie plus harmonieuse et égalitaire par ma simple présence parmi eux, je n'ai pas fait grand chose comme travail lors de mon passage à Marsabit.
 
Mais, vous dire à quel point j'ai vécu de beaux moments...

Jamais il ne m'aurait été possible de vivre de tels moments si je n'étais pas missionnaire.
 
J'ai dansé avec les Morans, guerriers Samburu...